Anvilgard
Le comptoir commercial d'Anvilgard se trouve aux abords des jungles luxuriantes de la Côte des Vents Brûlants d'Aqshy, une région connue pour sa faune dangereuse. Sous ses abords traditionalistes et austères, cette cité a su accueillir de nombreux parias aelfiques qui sont devenus chasseurs de monstres, corsaires, ou ont intégré les Darkling Covens.
Anvilgard est un port fortifié situé sur un point stratégique des rivages de la Mer Bouillonnante. Elle surveille le Détroit de Golvaria et une région océanique très contestée recelant de nombreux trésors et matières premières précieuses. Des tribus nomades et des marchands étrangers affluent dans les marchés de la ville pour vendre des produits et des objets pillés dans les ruines qui parsèment les fonds de la Mer Bouillonnante. Les corsaires aelfiques sont chargés de réguler ce commerce et de maintenir l'ordre dans le détroit, et ils s'acquittent de cette tâche avec une efficacité brutale.
Anvilgard se trouve à proximité de jungles luxuriantes, au creux d'une chaîne de montagnes volcaniques que les autochtones appellent le Creuset de la Vie. Les volcans proches sont régulièrement en éruption et inondent de lave des pans de jungle entiers, mais lorsque le magma a refroidi, la flore, imprégnée de la puissante magie d'Aqshy, repousse avec une ardeur surnaturelle. Cette repousse rapide pourrait envahir Anvilgard sans les puissants défoliants développés par les alchimistes de l'Ironweld. Des tours de guets aux gargouilles en forme de têtes de dragon crachent cette substance dans les airs, afin de tuer les plantes qui poussent sur les murailles et dans les interstices des pierres. Même si ce gaz verdâtre est en-apparence inoffensif pour les habitants, il stagne en permanence dans les rues et donne à la ville une atmosphère dérangeante.
Néanmoins, cette brume couleur d'émeraude fournit un couvert parfait pour ceux qui préfèrent travailler discrètement. Fondée par les Anvils of the Heldenhammer, Anvilgard entretient une façade de traditionalisme, mais sous cet extérieur austère, c'est une cité de marché noir et de criminalité galopante. Une cabale de parias a récemment pris le contrôle des trafics illicites et du réseau de prostitution. Appelée l'Anneau d'Écailles Noires, cette organisation est dirigée par un conseil secret d'Aelfs, dont des Fleetmasters, des Scourge, des Sorceress des Darkling Covens et des Beastmasters de l'Order Serpentis. De plus, elle dispose d'agents de toutes les races dans toutes les strates militaires et sociales de la cité. L'Anneau manipule le Grand Conclave d'Anvilgard par des menaces et par la corruption, le tout avec tant de subtilité que les redoutables Lord-Veritants n'ont pas encore réussi à déraciner ce mal.
Les Scourge Privateers d'Anvilgard gagnent leur vie en chassant et en capturant les monstres hideux de la Côte des Vents Brûlants. Ils les vendent ensuite à des collectionneurs excentriques ou les dressent comme bêtes de guerre, avec des résultats souvent spectaculaires. Salekh esquiva habilement la lame de l'Orruk et enfonça son coutelas entre les côtes de son adversaire. Le peau-verte tituba en arrière en éructant des jurons. "Tais-toi..." dit Salekh. Il s'empara prestement du crochet qui pendait à sa ceinture et l'enfonça dans l'orbite de l'Orruk. Celui-ci s'affala dans un grognement. Salekh récupéra son arme. "Je ne supporte pas leurs vagissements, pas toi, Mercaen?" "Non, Capitaine," répondit son Second en égorgeant avec un couteau incurvé un Orruk qu'il venait de blesser. "Ça me vrille les oreilles." Salekh regarda par-dessus bord. Le port misérable des Orruks brûlait et illuminait la silhouette féline et féroce de son navire, qui avait jeté l'ancre à proximité. Les galions à vapeur des Freeguilds avaient pénétré dans le port des peaux-vertes quelques heures plus tôt, puis les vaisseaux-loups des Scourge s'étaient précipités pour déverser leurs régiments de marins Freeguild et de Black Ark Corsairs. Évidemment, les Orruks n'avaient pas fui le combat. "Ces créatures sont beaucoup trop prévisibles," maugréa-t-il. Il aperçut un Corsair qui parait une attaque maladroite avant de riposter et de trancher la main de son assaillant. Un autre bondissait agilement sur un empilement de caisses instable tout en ouvrant le feu avec son arbalète de poing à répétition. Plusieurs Grots s'écroulèrent en couinant. Le Corsair ne prit pas le temps de les achever et chercha d'autres victimes. Bien sûr, tout ne se déroulait pas parfaitement bien. C'était toujours comme ça lors d'un raid. Salekh fit une moue contrariée en voyant un Orruk envoyer valser un Corsair d'un coup de massue monumental, avant de lui écrabouiller la tête. L'Orruk n'eut pas le temps de savourer sa victoire, car une salve d'arbalète l'abattit. Le vent tourna de nouveau et la fumée s'épaissit. Elle s'agita à quelques mètres de lui et un Orruk en jaillit en brandissant un sabre d'abordage rouillé. Cette brute était percée de plusieurs carreaux d'arbalète, mais elle ne semblait pas s'en soucier. Mercaen se déplaça pour intercepter l'Orruk mais Salekh lui fit signe de rester à distance. Il sourit férocement et se mit en garde, avide d'en découdre. Il n'en eut pas le temps. Il y eut un bruit de tonnerre et la tête de l'Orruk éclata. Il poursuivit sa course sur quelques pas avant de s'effondrer aux pieds de Salekh. Salekh regarda le cadavre avec dépit avant de relever la tête. "Il était à moi, Berger." "C'était pas marqué sur son front," rétorqua l'humaine en abaissant son mousquet au canon fumant. La Freeguilder portait le rouge et le noir des Coureurs de Rhum, un des régiments de marins d'Anvilgard. Elle haussa les épaules. "Mais je te prie de m'excuser. La prochaine fois, je le laisserai fendre ton crâne délicat." Salekh renifla de mépris et poussa négligemment le cadavre du peau-verte du bout de sa botte. Derrière Berger, le reste des Coureurs de Rhum se déplaçait dans la fumée en tirant avec ses armes. Il regarda de nouveau les flammes qui léchaient les murs rouillés de ce port crasseux. Les Orruks l'avaient baptisé Blista Bakk, pour des raisons qui lui échappaient. Il sourit avec ironie. Il n'avait pas été très difficile de convaincre le Grand conclave qu'il fallait s'occuper des peaux-vertes: quelques pots-de-vin, des menaces. La politique ordinaire d'Anvilgard, en somme. "Ils sont en déroute," dit joyeusement Berger. Elle ôta son bonnet et frotta son crâne rasé. Un tatouage qui ressemblait à un anneau d'écailles noires se trouvait juste derrière son oreille. "Pour l'instant," ajouta Salekh en observant les derniers peaux-vertes se carapater dans les faubourgs du port. Il soupira. Il y en avait toujours d'autres pour remplacer ceux qu'ils tuaient. Il fallait trouver des moyens plus efficaces pour les massacrer. Il fit un signe à Mercaen. "Est-ce que les belluaires sont prêts?" Mercaen acquiesça. "Ils n'attendent que votre ordre, Capitaine." Salekh allait répondre quand il perçut un chahut et se retourna. Les Freeguilders avaient commencé à rassembler les détritus qui encombraient les quais et à les empiler. "Qu'est-ce qu'ils font?" Berger lui lança un regard étonné. "Ils fabriquent des barricades. Pour gêner les peaux-vertes quand ils reviendront à la charge." "Pourquoi perdre du temps avec ça ?" demanda distraitement Salekh en faisant courir son index sur le fil de son coutelas. "On est venu pour les extirper de leur repaire, tu te souviens ?" Il rengaina son arme et fit signe à Mercaen. Le Corsair s'en alla. "Par Sigmar, hors de question que je les suive dans les ruelles?" dit Berger. "On n'est pas payé assez cher pour prendre le risque d'affronter des Orruks au corps à corps. On n'éprouve pas autant de joie que vous à faire ça…" ajouta-t-elle. "Rassure-toi, on ne va pas aller les débusquer nous-mêmes. Ce serait trop fastidieux." Il sourit d'un air machiavélique en entendant le bruit des trappes de son vaisseau-loup qu'on ouvrait. "De plus, c'est l'heure de leur repas." Berger parut confuse. "Le repas de qui?" Un rugissement de bête affamée se fit entendre. Un instant plus tard, un Kharibdyss débarquait du navire, guidé par ses belluaires. Les têtes aveugles qui terminaient les cous ophidiens feulaient et claquaient des mandibules alors que le monstre se hissait vers les bâtiments en flammes et la chair fraîche qu'il humait dans les ruelles. Salekh se mit à rire lorsque les hurlements de terreur de peaux-vertes s'élevèrent. "C'est nettement plus facile comme ça, n'est-ce pas?" |
Source[modifier]
- Order Battletome : Cities of Sigmar